Bourse du carbone: 480 millions versés par les agriculteurs

par Patrice Bergeron

publié par: La Presse Canadienne

*PHOTO: BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

(Québec) Les agriculteurs estiment verser plus d’argent pour la lutte aux changements climatiques qu’ils n’en reçoivent pour faire face à ces défis.

En commission parlementaire, jeudi, l’opposition officielle libérale a énoncé que les agriculteurs ont dû verser 480 millions sur quatre ans pour leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) dans la Bourse du carbone, soit le Système de plafonnement et échange de droits d’émission (SPEDE).

Ils contribuent à ce système notamment en payant une taxe sur les carburants qu’ils consomment.  

« Ce sont des chiffres fournis par l’Union des producteurs agricoles (UPA), honnêtement, nous on n’a pas ce calcul-là », a répondu le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, au député libéral André Fortin, lors de l’étude des crédits budgétaires du ministère.  

« Les agriculteurs sont prêts à avoir des projets pour diminuer leur empreinte carbone, mais ils disent : “on aimerait que le secteur ne soit pas traité comme tous les autres secteurs ou ne soit pas utilisé comme la vache à lait de la Bourse carbone pour d’autres secteurs d’activité” », a plaidé M. Fortin.  

« C’est certainement légitime », a répondu M. Lamontagne.

Il a plutôt cité un mémoire du ministère des Finances qui arriverait plutôt à une contribution de 140 millions des agriculteurs.  

En contrepartie, ils ont reçu du gouvernement 290 millions sur quatre ans pour l’adaptation et les changements climatiques. Le ministre laisse donc entendre qu’ils s’en tirent plutôt avantageusement. M. Fortin est toutefois revenu à la charge.

« Est-ce que les agriculteurs reçoivent leur juste part ? » a-t-il demandé.

« Je travaille chaque jour à faire en sorte de leur obtenir le meilleur soutien possible en vue d’avoir à s’adapter aux changements climatiques », a-t-il répondu.

Rappelons que le SPEDE vise à réduire les émissions de GES du Québec et de la Californie : les entreprises des grands secteurs les plus polluants peuvent acheter aux enchères à tous les trois mois des « unités », en quelque sorte des droits d’émission.  

Année après année, le plafond des émissions autorisées diminue, ce qui force à la hausse le prix des unités et incite les entreprises à réduire leurs émissions, ou encore, à acheter des « unités » dans l’autre territoire.

Les revenus que tire le gouvernement du Québec de cette Bourse sont versés intégralement dans le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC), qui sert exclusivement à financer toutes sortes de projets de réduction des GES et d’adaptation aux changements climatiques.  

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