lundi 07 juillet 2014

Trois producteurs en mode conquête

Par Annie Bourque

Tous les trois sont âgés de moins de 40 ans. Ils ont lancé leur entreprise avec un créneau bien spécifique avec un seul but en tête: réussir à vendre leurs produits à une plus grande clientèle. Portrait de trois jeunes producteurs en ascension.

Élevé sur le rang Picoudi à Saint-Robert, Luc Tellier rêvait d’avoir un jour sa propre ferme. Il désirait suivre les traces de son grand-père Camille qui possédait un troupeau de vaches laitières.

Après des études en production porcine à l’Institut agro-alimentaire de Saint-Hyacinthe, il n’a pas le choix de bifurquer sur une autre voie. La crise de l’industrie porcine affecte grandement le prix du porc qui chute dramatiquement.

Aidé par son père, France Tellier et le commissaire agricole Alain Beaudin, Luc entreprend alors de cultiver des légumes asiatiques et des fines herbes.

La bougie d’allumage

Puis en 2007, il se rend au restaurant Le Fougasse vendre ses légumes. L’ancien chef, Éric Champigny lui mentionne combien il est difficile de trouver à Sorel des pousses biologiques de coriandre, brocoli ou radis qui donnent de la saveur et de la couleur à ses plats. «J’ai appris à cuisiner avec les pousses lors de mes études à l’ITHQ (Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec) et j’en trouvais nulle part ici», raconte Éric.

Le jeune entrepreneur saisit l’opportunité et décide de cultiver les micro-pousses. Autodidacte, Luc s’informe et va de l’avant.

«Luc a pris de bons renseignements. Quand il m’a apporté ses premières pousses, elles étaient de très bonne qualité: un produit hors pair», mentionne Éric.

Sept ans plus tard, Luc Tellier a le vent dans les voiles. Il distribue ses produits dans les fines épiceries, les magasins d’aliments naturels et bien sûr, les restaurateurs.
Son chiffre d’affaires approche le demi-million. Et pour rentabiliser son entreprise, il s’est associé avec la Fromagerie Polyethnique (anciennement Le Bédouin). Dans sa tournée à Montréal et Québec, il distribue les fromages de l’équipe de Jean-Pierre Salvas ainsi que ses propres produits. Déjà, il veut conquérir l’Ontario. «J’ai un distributeur là-bas sur place», dit-il d’un ton modeste.

Maintenir la cadence

Le plus difficile pour lui ? «Tout en grossissant, c’est de conserver ce souci du client et d’offrir un produit de qualité constant.»

Perfectionniste, il tient à se démarquer auprès de ses clients. «Luc nous arrive avec son catalogue de graines et nous demande souvent ce qu’on a besoin, nous, les restaurateurs», précise de son côté, Éric Champigny.

Dans le grand bâtiment de son entreprise, le secret de sa réussite est là sous nos yeux qui se succède sur trois étages. De grands plateaux de toutes les couleurs poussent sous les néons avec un taux d’humidité parfait.

Contrairement aux préjugés, sa clientèle n’est pas composée uniquement de «granolas». «Ce sont des gens soucieux d’une saine alimentation», dit-il. Les pousses possèdent un haut taux de vitamines, de minéraux et d’enzymes qui facilitent la digestion. Résultat? Les gens qui en consomment éprouvent une plus grande énergie et ont plus d’entrain.
Aujourd’hui, à 31 ans, Luc ne regrette nullement son choix. L’avenir s’annonce plein de promesses.

 

Percée chez les restaurateurs pour Julien Pagé

Par Annie Bourque

À Yamaska, Julien Pagé élève sur sa ferme plus de 4000 lapins et ce, sans aucun antibiotique avec uniquement de la nourriture végétale.
De plus en plus, les restaurateurs expriment l’envie d’en avoir au menu. «Les gens commencent à peine à découvrir le lapin. On aimerait ça en offrir», dit Marcel Boulet, propriétaire du Fougasse.

De son côté, Julien Pagé raconte que son premier client il y a environ 10 ans fut la Table Champêtre L’Ensorcelaine à Saint-Aimé. «Yves et Odette DeCelles ont été les premiers à m’encourager.»

Depuis, une vingtaine de restaurateurs principalement de Montréal et de l’Estrie proposent ses produits. «Tout se fait par bouche à oreille. Un chef de Saint-Lambert a entendu parler de mes lapins et m’a contacté», mentionne Julien.

Le producteur de 38 ans peut être fier de son succès. Son fils Thomas, 10 ans, est son meilleur vendeur. Au moment d’acheter des asperges, le garçon, avec ses beaux yeux bleus, demande au client si on aimerait goûter au lapin.

La recette de lapin confit dans le gras de canard est tellement simple qu’on décide de l’essayer. Par la suite, il se créé une véritable dépendance aux autres produits dont la rillette, le pâté de lapin aux raisins ou encore le fameux chorizo (un saucisson) délicieux en entrée…
On a très hâte que davantage de restaurateurs sorelois adoptent ses produits. Déjà la population soreloise pourra découvrir son excellente rillette et son chutney de lapin lors du Festival de la Gibelotte. Les organisateurs prévoient une thématique sur le lapin au cours d’une soirée soit vendredi ou samedi soir, lors du week-end du 11-12 juillet.


 

Après sept ans d’existence, l’entreprise Champignons Advitam vise à produire les meilleurs champignons sur le marché. Les chefs cuisiniers de nombreux restaurateurs de la région de Sorel cuisinent avec les pleurotes blancs et roses cultivés à Saint-Ours.

Entrevue la jeune présidente de 37 ans Marie-Claude Héroux.

Par Annie Bourque

Quelle est votre définition du succès ?
Mon secret du succès est d'aller jusqu'au bout et d'être reconnue par mes pairs.
Que mon entreprise fonctionne ou ferme, je sais que j'aurai fait tous les efforts pour l'amener à terme. Le résultat n'est pas si grave.
 
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes entrepreneurs qui veulent se lancer dans la culture de pleurotes?
La même chose que je dis à tous les entrepreneurs qui démarrent: soyez patients, persévérants, construisez-vous un bel entourage d'affaires incluant un mentor de confiance et finalement soyez passionnés. Ce n'est pas «facile», mais c'est tellement trippant!!
 
Après sept ans en affaires, qu’est-ce qui est le plus difficile?
Je reviens toujours à la même réponse ;-) La conciliation travail-famille. L'équilibre entre les deux.
La constance. Des fois on est fatigué, mais on ne peut pratiquement jamais souffler longtemps. On est toujours relancé par de nouveaux défis.
 
Quels sont vos objectifs pour les cinq et 10 prochaines années?

Pour les 5 prochaines années: établir le potentiel de mon entreprise. Diversifier mes produits et augmenter mon chiffre d'affaires.

Pour les 10 prochaines années: être le chef de file dans le champignon de spécialité et dans la production de semence au Québec, être reconnue pour nos partenariats en R&D (Recherche et développement) et avoir une vue sur une future relève.
 
Qu’est-ce qui fait que malgré les écueils survenus, vous n’avez jamais abandonné?
Probablement la résiliennce. Je connais le potentiel de ce que j'ai entre les mains ainsi que tous les efforts qui ont été mis en place. Ce serait dommage de ne pas permettre à l'entreprise d'exprimer ce qu'elle a dans le ventre. Ça doit s'appeler la passion des affaires.

 

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