mardi 17 avril 2012
Nos vaches descendent des aurochs
(Par Marie-Claude Héroux)
Méfiez-vous ceci n'est pas le titre d'un film de science fiction. Il
s'agit plutôt d'une découverte tout à fait sérieuse qui nous révèle
la descendance de nos vaches. En fait, l'étude, dirigée par la
réputée Dre Ruth Bollongine du Groupe de Paléogénéticien de
l'Institut de d'Anthropologie de l'Université de Mainz en Allemagne,
affirme qu'il y a 10 500 ans, les bovins auraient été domestiqués au
Proche-Orient. Les résultats sont parue dans la revue Molecular
Biology and Evolution publié par Oxford Journals. Les chercheurs ont
pour la première fois exploité l'ADN trouvé sur des ossements issus
de sites archéologiques iraniens, appartenant à 15 bovins
domestiques datant du néolithique jusqu'à l'Âge de fer. Afin de
reconstituer les 10 500 ans d'histoire de la lignées domestiques,
les chercheurs ont comparés des variations de séquence de l'ADN des
bovins archéologiques à celui des vaches modernes.
Il y aurait 22 000 gènes qui ont été décryptés et analysés dans des
simulations informatiques. Le résultat: 80 aurochs seraient à
l'origine de nos troupeaux.
«C'est un effectif étonnamment petit lorsqu'on prend en
considération l'étendue du Proche-Orient et la répétition probable
des événements de domestication durant plusieurs siècles ou
millénaires», reconnaît Jean-Denis Vigne, chercheur au CNRS.
«Ce résultat correspond pourtant assez bien avec l'aire géographique
assez réduite pour laquelle l'archéologie a mis en évidence des
indices de domestication des bovins, comprise entre les hautes
vallées de l'Euphrate et du Tigre. Si les bovins n'ont pas été
domestiqués dans une aire géographique plus étendue, comme c'est
probablement le cas de la chèvre, c'est peut-être parce que
l'élevage des bovins est peu compatible avec le nomadisme, et que
seulement une partie des groupes humains était sédentarisée à cette
époque», estime-t-il.
Il est vrai que l'aire de répartition des aurochs était vaste et
qu'ils devaient vivre en grand nombre, fournissant ainsi à l'Homme
de multiples opportunités de captures. Mais il ne faut pas oublier
un fait que rappelle Joachim Burger, un des coauteurs de l'étude :
les aurochs étaient plus grands, et probablement moins dociles, que
nos vaches actuelles. Leur capture devait donc être difficile, tout
comme leur maintien en captivité.
L'aurochs présentait une taille plus importante que les races
actuelles de bovins. Leurs poids pouvait atteindre jusqu'à 1 000
kilos. |