mardi 26 juillet 2011
De plus en plus d’allergies alimentaires chez les
enfants
(Par Yves Allard)
Je ne suis sûrement pas le seul à avoir l’impression que « dans mon
temps », il n’y avait pas autant d’allergies alimentaires chez les
jeunes. En fait, je ne me souviens même pas qu’un seul enfant de
l’école où j’allais était allergique à autre chose qu’aux maths, au
français, ou encore à certains enseignants.
Aujourd’hui,
au service de garde par exemple, les lunchs de nos enfants doivent
tenir compte des risques que certains aliments comportent pour la
santé des écoliers (J’viens d’avoir un « flash » : je ne me souviens
même pas si il y avait un service de garde à mon école primaire…
C’est peut-être pour ça qu’on entendait moins parler de ce type
d’allergies, les enfants dinaient ailleurs qu’à l’école!).
Selon le quotidien Le Figaro, la fréquence des allergies
alimentaires chez les enfants aurait pas moins de doublé en 20 ans.
Elles frappent désormais entre 3 et 7% des enfants des pays
développés et leur fréquence croît également dans les pays en
développement. Au Québec, on estime que de 6 à 8% des enfants en
seraient affectés.
Fait étonnant, malgré les différences d'alimentation d'un peuple,
d'un pays à l'autre, on retrouve les mêmes allergies chez l'enfant,
soit arachides, lait, œufs, poissons et crustacés.
L’une des causes de cette augmentation notable serait notre
environnement: « nous vivons dans des logements plus confinés, plus
exposés aux acariens, notre agriculture, nos arbres ont changé et
nous exposent à des pollens qui provoquent des réactions d'allergie
croisée aux aliments, par exemple allergie au pollen de bouleau et à
la pomme ou la noisette, au pollen de cyprès et à la pêche… Nous
consommons aussi plus de plats industriels dont des constituants
ajoutés ou transformés modifient le pouvoir allergisant des
aliments», explique le Dr Fabienne Rancé, pédiatre allergologue
(CHU, Toulouse).
La génétique jouerait aussi un rôle puisque 80 % de ces allergies
surviennent dans des familles où l'on retrouve déjà des symptômes.
L'allergie alimentaire vraie se présente sous diverses formes. «Dans
90% des cas, la réaction est immédiate: l'enfant mange une cacahuète
et dans les 10 minutes, au maximum dans l'heure qui suit, il fait
une urticaire et parfois un œdème. Un signe est typique de
l'allergie alimentaire: l'enfant se gratte la paume des mains, la
plante des pieds et le cuir chevelu. Parfois, la réaction est plus
violente, avec vomissement ou crise d'asthme, voire dans les cas
graves un choc anaphylactique avec chute de tension ou pire, un
arrêt cardiaque. Plus fréquente chez les enfants ayant un eczéma
atopique sévère, cette réaction allergique peut aussi survenir hors
de ce contexte», explique le Dr Michel Bouvier (allergologue, CHU de
Lyon).
Mais les allergies alimentaires vraies ne représentent qu'une petite
partie de toutes celles soupçonnées à tort. Pour le Dr Bouvier, les
médecins ont trop tendance à demander un test d'IgE spécifiques à la
moindre suspicion d'allergie alimentaire.
En passant, blâmer une diversification trop précoce de
l'alimentation des bébés ne serait qu’un mythe. Avant l’âge de 3
mois, ce serait effectivement trop tôt pour les habituer à « manger
de tout ». Mais il ne faudrait tout de même pas trop attendre et
nous devrions faire en sorte qu'elle ait lieu entre 4 et 6 mois, car
après, on risque de favoriser l'allergie.
Alors
que l'allergie au lait ou à l'œuf disparaît habituellement assez
vite, les allergies aux arachides, à la noix de cajou, et dans une
moindre mesure aux poissons et crustacés, sont bien souvent
définitives. «Dans les allergies graves avec risque anaphylactique,
comme celles à l'arachide, une trousse d'urgence comprenant un
antihistaminique, de la cortisone, de la Ventoline et un stylo
Anapen d'adrénaline doit être accessible en quelques minutes»,
insiste le Dr Bouvier.
Les risques sont donc réels, les causes variées, mais l’augmentation
du nombre de cas d’allergies alimentaires ne semble pas préoccuper
outre-mesure les autorités ou certains gestionnaires ou décideurs.
Pourtant, selon mon expérience personnelle, chaque fois que le sujet
est abordé en présence de plusieurs personnes, les commentaires qui
reviennent le plus souvent sont : « ce n’est pas normal… » … «
comment se fait-il qu’il n’y en avait presque pas avant? »… « j’en
reviens-pas que de nos jours il y ait autant d’enfants allergiques à
toutes sortes d’aliments »… Ces genres de commentaires vous sont
familiers à vous aussi?
Et comment se fait-il qu’un enfant puisse être allergique aux noix,
mais que l’on entende jamais parler d’allergies aux boissons
gazeuses ou autres trucs contenant des ingrédients qui sont pourtant
beaucoup moins « naturels »?
Souhaitons simplement que les recherches sur le sujet se poursuivent
avec suffisamment d’ardeur pour que nous puissions obtenir avant
longtemps des réponses à « nos » questions… ;o)
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