Les abeilles en difficulté… Les bourdons à la rescousse? 

(Par Yves Allard)

14 janvier 2011 - Comme une grande majorité d’agriculteurs et bien d’autres le savent déjà, les abeilles jouent un rôle indispensable à la survie de nombreuses cultures. La pollinisation effectuée par cette « dangereuse espèce » (C’est ce que l’on pourrait croire à voir la réaction de certaines personnes quand elles approchent) n’est rien de moins qu’essentielle à la vie… Si les abeilles mouraient toutes demain matin, pas sûr que nous pourrions survivre facilement à leur extinction…

Je me souviens lorsque j’étais petit, lorsque les bourdons ou les abeilles venaient nous « achaler », j’utilisais une raquette de badminton pour les « éloigner »… Malheureusement, dans bien des cas, ils ou elles ne voyaient pas leur vol changer abruptement de direction comme je souhaitais le faire… Que voulez-vous, à la vitesse où je les « smashais », la corde les « divisait » parfois en 2 parties et le sol devenait alors leur nouvelle destination… (Est-ce que je fais bien de raconter ça moi-là??).

Aux États-Unis, les abeilles domestiques pollinisent plus de 90 variétés de fruits et légumes (pommes, avocats, myrtilles ...), des productions estimées à 15 milliards de dollars par année. Ce chiffre équivaut à un tiers de toute la production alimentaire … Oui, vous avez bien lu, le tiers de la production alimentaire du pays!

Malheureusement, depuis 2006, les chercheurs ont pu constater une diminution importante de la population abeillienne… abeilleoise… abilitrice… abicole… apicole (!) un peu partout à travers le monde, incluant l’Europe et les États-Unis (« apicole »… merci de m’avoir « soufflé » la réponse Éliane… Mais j’me demande quelle est la logique derrière la transformation en « p » du « b » de « abeille » pour les mots en rapport avec celles-ci… pas juste parce que l’abeille « à pique » j’espère?). Ce phénomène de dépopulation, appelé Colony Collapse Disorder (ou CCD), vide soudainement les ruches sans que les causes n'en aient été encore déterminées avec certitude. 

Les scientifiques ont avancé différentes hypothèses (virus, parasites, insecticides, malnutrition et autres facteurs environnementaux)  sans toutefois pouvoir déterminer une cause spécifique. Les populations d'abeilles domestiques sont en déclin depuis plusieurs décennies pour différentes raisons, mais les effets de ce nouveau syndrome sont beaucoup plus dévastateurs.

Quelque 32% des 2,4 millions de ruches appartenant aux 1500 apiculteurs professionnels américains ont ainsi été perdus en 2007, 36% en 2008 et 29% en 2009, selon les estimations du Ministère américain de l'Agriculture (USDA).

Alors qu’avant l'apparition du CCD les apiculteurs américains perdaient en moyenne 10% des ruches durant l'hiver, l’année dernière ce chiffre se situait entre 30 et 50% pour plusieurs d’entre eux…

Certains croient qu’amener les abeilles dans des zones de cultures agricoles entraîne de plus grandes pertes, liant celles-ci à l’utilisation des pesticides. Mais ils ne disposent pas des données (scientifiques) pour appuyer ces observations, alors je trouve ça un peu plate que des individus pointe publiquement du doigt l’agriculture alors que leurs allégations n’ont pas été prouvées… De plus, un agriculteur d’ici me mentionnait il n’y a pas si longtemps que l’utilisation d’abeilles dans ses champs lui avait permis de réduire l’ajout de pesticide de façon drastique, pour ne pas dire à zéro.

Mais puisque les abeilles sont en difficulté, certains chercheurs se disent qu’il faut  commencer à promouvoir d'autres espèces de pollinisateurs pour l'apiculture, comme par exemple, les bourdons…

Bien qu’ils ne comptent pas « dans la balance » autant que les abeilles, les bourdons jouent néanmoins un rôle important en Amérique du Nord dans certaines récoltes, surtout les baies (comme les myrtilles), mais aussi les tomates, sans compter leur contribution clé au cycle de reproduction de plantes sauvages.

Je suis récemment tombé sur un texte qui mentionne que les bourdons disparaissent également à un rythme préoccupant aux États-Unis depuis les vingt dernières années. Un phénomène semblable est également observé en Europe, faisant craindre une dépopulation de ces insectes à l'échelle planétaire.

Mais ce phénomène ne toucherait principalement que les 4 espèces de bourdons les plus communes en Amérique du Nord, alors qu’on en retrouve une quinzaine au total dans notre coin du globe… Toutefois, au niveau mondial, il n’en existe pas moins de 150 espèces connues à ce jour!

J’ai lu quelque part que des industries d'élevage de certaines espèces de bourdons (plus « résistantes ») existent déjà au Japon et en Israël, tandis que le Mexique et la Chine seraient en train de développer la leur… Ce qui démontre l’importance de cette industrie qui pourrait peut-être éventuellement compenser les lourdes pertes subies chez les abeilles domestiques et les autres bourdons…

Il faudra toutefois tenir compte du fait que les nids de bourdons contiennent beaucoup moins d'individus que les ruches, généralement de 250 à 300 pour les bourdons contre de 5000 à 10 000 (parfois même jusqu’à 20 000) pour les abeilles.

Alors que les travaux de certains chercheurs Français ont démontré que le cerveau primitif de ces insectes pollinisateurs est incapable de reconnaître un apiculteur (avec ou sans son voile protecteur!), des scientifiques du pays des kangourous ont prouvé, semble-t-il, que les abeilles sont en mesure de différencier les couleurs, les odeurs et de retrouver leur chemin dans un labyrinthe. De plus, elles seraient capables de compter jusqu’à quatre …

Jusqu’à quatre seulement?!? Ah bon… Je ne sais pas trop comment ils ont pu en arriver à cette conclusion, mais c’est vraiment le cas, je trouve ça un peu triste…  Elles ont beau se déplacer rapidement, mettons que ça ne leur laisse pas beaucoup de temps pour se trouver un bon « spot » lorsqu’elles jouent à la cachette… ;o)

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