La ferme Godale de Saint-Aimé
Holstein et Jersey sous un même toit

Hélène Goulet

La ferme laitière Godale, propriété de Mario, Denis et Pierre Godin de Saint-Aimé, abrite sous son toit 135 vaches de race Holstein et 25 vaches de race Jersey.


Pierre, Mario et Denis Godin et
Lainlou Champion Dominance TB-89

Cette ferme familiale de 335 arpents, fondée par leur père en 1954, n’a cessé de s’agrandir au fil des ans. En plus de la production laitière, les frères Godin s’adonnent également à la grande culture – maïs grain et foin, principalement – essentielle pour nourrir pour leurs animaux.

« Avant, nous n’avions que des Holstein », précise Mario Godin, rencontré en entrevue avec son frère Denis. « Notre frère Pierre, alors qu’il étudiait à l’Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe, a fait un stage chez un éleveur de Jersey, et nous avons décidé d’en avoir quelques-unes, juste pour le plaisir. Nous n’en aurons jamais plus qu’une trentaine. »

Toutes les vaches sont « baptisée » et portent un nom : Joyelle, Lainlou Champion Dominance, Spring Water Fusion, Godale Terrason Lada sont toutes des championnes. « C’est comme nos enfants ! » blague Denis Godin.


LAINLOU CHAMPION DOMINANCE

Les Holstein, tout le monde les connaît, ce sont ces vaches noires et blanches que l’on voit régulièrement dans les champs du Québec. Les Jersey, pour leur part, sont de couleur beige à brune. Si elles produisent moins de volume de lait que les Holstein, en revanche, leur lait contient plus de matière grasse. Elles ont également une durée de vie plus longue.

Cela dit, peu importe sa provenance, le lait s’en va dans le même réservoir. « Tous les deux jours, le lait est récolté par la Fédération des producteurs de lait », précise Mario Godin. Souvent, le lait est distribué dans la région, question d’éviter le kilométrage inutile. « Notre lait est régulièrement livré à la Fromagerie Polyethnique de Saint-Robert, où on l’utilise pour la fabrication du fromage, et à la Laiterie Chalifoux, où il est embouteillé ou utilisé aussi pour le fromage », indique M. Godin.

Tous les deux jours, donc, les vaches de la ferme Godale produisent environ 4 500 litres de lait contenant 95 kilogrammes de matière grasse au total, ce qui équivaut à environ 4,5 % de matière grasse. « L’été, le lait peut être moins gras car la vache a plus chaud », ajoute M. Godin.



La ferme Godale, sans être considérée comme une des plus grosses fermes de la région, est tout de même importante. « Nous n’avons pas d’employés, ça demeure une ferme familiale », laisse entendre M. Godin, qui ajoute, du même coup : « On grossit tout le temps, et aujourd’hui, nous sommes rendus là où on voulait se rendre. » Les frères Godin investissent annuellement plusieurs milliers de dollars pour l’achat de vaches ainsi que pour la réparation et l’aménagement des bâtiments de la ferme. « Il y a tout le temps quelque chose à faire ! »

Les seules tâches qui sont données à forfait sont l’épandage du lisier, le battage, la récolte du maïs et l’ensilage.

Sur 75 vaches en lactation, environ de 10 à 15 vaches sont en repos, la période de lactation annuelle de chaque vache étant calculée sur 305 jours. « Il faut régulièrement leur donner un break, » admet M. Godin. Ainsi, après sept mois de gestation – la période de gestation d’une vache est de neuf mois, comme chez les humains – la vache est mise au repos jusqu’à ce qu’elle vêle.



Par ailleurs, les frères Godin utilisent la méthode par insémination artificielle depuis plus de 20 ans. Ils procèdent par transplantation embryonnaire : « On sur-ovule la vache que nous avons sélectionnées et on peut ainsi réimplanter ses embryons dans d’autres vaches. » Cette technique permet d’améliorer la génétique en utilisant les embryons d’une vache championne. « Ça nous permet d’avoir de meilleures descendances. »

Ils utilisent également un sperme sexué afin de favoriser la naissance de vaches et non de mâles. Une technique à être encore améliorée, admettent les frères Godin, et qui fonctionne davantage chez les jeunes taures.

Car le défi d’aujourd’hui, pour une ferme laitière, c’est d’avoir le plus de veaux possible, et ce, de façon régulière. Selon Denis Godin, l’idéal est d’avoir huit nouveaux-nés par mois, soit deux veaux par semaine.

Les progrès de la génétique permettent également aux frères Godin de vendre des embryons un peut partout dans le monde, que ce soit en Europe ou en Amérique du Sud, plus particulièrement au Brésil, un pays où la production laitière est cent fois plus élevée qu’au Canada.. Pour ce faire, ils ont créé un Centre d’insémination Trans-América Génétique en collaboration d’autres producteurs laitiers. Les taureaux utilisés par le centre se trouvent en pension un peu partout au pays. « Au Québec, nous sommes très fort en génétique », résume Mario Godin.

Le défi environnemental

Côté culture, le défi actuel dans une ferme demeure l’aspect environnemental. « Nous faisons partie du Club agro-environnemental Lavallière, nous en sommes d’ailleurs membres fondateurs. Nous sommes conseillés par un agronome et divers professionnels. Il ne faut pas avoir peur de s’entourer de gens compétents et de poser des questions. On ne peut pas être bon partout ! »

Pour Denis et Mario Godin, savoir s’adapter aux exigences environnementales a été relativement facile : « Ça s’est fait graduellement et ça n’a pas été contraignant », estime Denis Godin. « Il y en a qui trouvent ça plus dur, mais grâce au Club, nous obtenons des chiffres à l’appui qui démontrent que c’est avantageux non seulement pour l’environnement, mais aussi financièrement. Il ne faut pas partir avec l’idée que ce n’est pas bon. »

Expositions agricoles

Les frères Godin participent également à de nombreuses expositions agricoles, que ce soit celle de Sorel-Tracy ou de Saint-Hyacinthe, ainsi qu’au Salon international laitier, à l’Expo Holstein Québec (le printemps, à Victoriaville) ou à l’exposition internationale Holstein Québec de Saint-Hyacinthe. « C’est un vrai sport !» s’amuse Mario Godin.


Mario, Pierre Godin & Jacques Pelletier

L’objectif qui sous-tend ces participations est de faire connaître la ferme et le troupeau. « Nous pouvons échanger et faire connaître notre troupeau, ce qui est profitable dans le cadre du commerce génétique », explique Denis Godin.

Dans le bureau où se tient l’entrevue, le succès que connaissent les vaches de la ferme Godale est évident : les murs sont tapissés de rubans et trophées de toutes sortes.

Enfin, depuis trois ans, Denis Godin est administrateur à la Société d’agriculture de Richelieu. « Notre objectif, à la Société, est de voir au bon fonctionnement de l’agriculture dans le comté. Nous pouvons offrir aide et conseils », fait savoir M. Godin, qui se réjouit également de voir l’organisme devenir de plus en plus dynamique. « Il y a de plus en plus de gens qui s’impliquent », laisse-t-il entendre.
 

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