Pour la première fois au Québec depuis 25 ans
La conférence de l’Association canadienne d’équitation thérapeutique se tiendra à Sorel-Tracy du 1er au 3 mai
Hélène Goulet

Éliane Trempe, fondatrice du programme d’équitation thérapeutique Les Amis de Joey du Bas-Richelieu, a réussi un coup fumant : Mme Trempe a en effet convaincu l’Association canadienne d’équitation thérapeutique de tenir sa conférence biannuelle à Sorel-Tracy. Il s’agit d’une première au Québec depuis 25 ans.

« Je voulais que ça se fasse ici », raconte Mme Trempe à l’occasion d’une entrevue accordée au Monde agricole.

Cette conférence, qui aura lieu du 1er au 3 mai à l’Auberge de la rive, réunira plus d’une centaine de personnes membres de l’Association canadienne d’équitation thérapeutique.

Mme Trempe est également membre de la Fédération québécoise d’équitation thérapeutique, organisme lui-même membre de l’association canadienne.

L’équitation thérapeutique

L’équitation thérapeutique est un programme qui permet à des enfants et adultes, aux prises avec des déficiences physiques, intellectuelles, émotives ou ayant des difficultés d’apprentissage, d’adaptation, etc., de se dépasser, s’épanouir et s’amuser grâce à l’utilisation de chevaux.

Mme Trempe, qui est arrivée dans la région il y a une dizaine d’années, a fondé ce programme il y a huit ans.

« Avant, j’ai été instructeure équestre, comme plusieurs autres. Mais contrairement à eux, je n’avais pas la « drive » qu’il fallait pour faire de la compétition », explique-t-elle. « Un jour, par hasard, et compte tenu que j’ai beaucoup d’affinités avec les enfants, on m’a proposé d’aider un jeune autiste à monter à cheval… Mais j’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas ! » se rappelle-t-elle en riant. « Le cheval a fait une embardée, mais heureusement, les conséquences n’ont pas été graves. J’étais désolée, mais le père de l’enfant m’a dit que pour la première fois de sa courte vie, il n’avait jamais vu une réaction aussi vive chez son fils, qui a souri. Ça m’a marquée. ».

« À mon arrivée dans la région, », poursuit-elle, « je connaissais des amis qui savaient ce que je faisais et ça s’est parlé. J’ai fait des recherches, puis j’ai débuté le programme avec un seul enfant. Au fil du temps, j’ai développé une expertise et maintenant, j’ai des listes d’attentes ! »

Selon Mme Trempe, l’équitation thérapeutique apporte beaucoup aux adultes et enfants souffrant de problèmes physiques, intellectuels ou d’ordre social. « La personne apprend à prendre soin du cheval, à le monter et, ce faisant, elle effectue certains exercices. Elle doit se tenir droite, tenir les rennes. Nous ajoutons des jeux - exercices d’équilibre - pour les plus jeunes, qui se font aussi un réseau », se réjouit-elle.

Pour l’aider, Mme Trempe fait appel à des équipes de bénévoles qui apprennent les techniques nécessaires pour aider la personne. Les chevaux sont en général plus âgés car ils sont ainsi plus calmes.

Les plus jeunes participants peuvent avoir 2 ans (l’âge minimum requis) et certains adultes ont plus de 40 ans. « Il n’y a pas de limite, sinon celle relative à l’autorisation du médecin », fait-elle remarquer.. Certaines personnes viennent d’elles-mêmes, d’autres sont référées par des organismes tels le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) ou le Centre montérégien de réadaptation (CMR).

La recherche

Éliane Trempe emménagera cette année dans la mini-ferme qu’elle a achetée dans le rang Prescot à Saint-Louis. Jusqu’à maintenant, le programme était dispensé à Sainte-Victoire.

Son objectif, aménager un centre de formation québécois en équitation thérapeutique qui regroupera sous un même toit tous les services qu’on peut offrir en la matière : la formation des instructeurs et bénévoles, des stages supervisés ainsi que du mentorat, en plus, bien sûr, du programme d’équitation thérapeutique comme tel.

« Je veux développer une spécialisation dans les travaux de recherche, ce qui nous permettra de développer une expertise unique. »  Sa collègue Danielle Champagne, ergothérapeute, a réalisé une première recherche au niveau de la maîtrise, l’année dernière, qui portait sur les effets de l’hippothérapie sur les effets du mouvement du cheval sur le tonus musculaire des personnes atteintes du syndrome de Down.

Cette année, et pour les deux prochaines années, Mme Champagne réalisera une seconde recherche de niveau doctoral sur les effets de l’hippothérapie sur les enfants atteints de paralysie cérébrale. L’organisme Horses and Human Foundation lui a octroyé une subvention de 50 000 $ pour réaliser cette recherche.

« Le Bas-Richelieu va devenir un incontournable, et nous espérons pouvoir intéresser spécialistes et éducateurs », souhaite Mme Trempe.

Conférence de l’Association canadienne d’équitation thérapeutique

Plus d’une trentaine de conférenciers seront présents à l’occasion de la Conférence de l’Association canadienne d’équitation thérapeutique.

« Nous allons toucher une variété de sujets. Selon le sujet, les conférences s’adressent à des spécialistes, à des parents, à des bénévoles et également au grand public. Nous voulons vulgariser le plus possible et que l’information soit à la portée de tout le monde », explique Mme Trempe.

Ainsi, autant l’autisme que l’entraînement du cheval en équitation thérapeutique, en passant par différentes techniques médicales seront autant de sujets traités.

L’événement est important, assez même pour que Patrimoine Canada accorde une subvention de 5 000 $ pour la traduction simultanée des conférences, puisque les participants viendront d’un peu partout à travers le Canada.

« Nous aurons même une unité mobile pour les activités qui auront lieu au Pavillon St-Martin, situé sur le site de l’Exposition agricole », souligne Mme Trempe..

« Depuis le début, la Société d’agriculture nous appuie. Pour nous, elle le partenaire le plus fidèle et loyal. On nous a accueilli à bras ouverts et on nous a déroulé le tapis rouge ! » déclare Mme Trempe.

Signalons enfin qu’Éliane Trempe est également agente de liaison du Centre local d’emploi au Centre de formation professionnelle et d’éducation des adultes Sorel-Tracy. Elle siège aussi à la Table de concertation jeunesse du Bas-Richelieu. En 2008, elle avait été en nomination pour l’obtention du Prix hommage de l’organisme Femmes Club.

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