La Chambre de développement agricole du Bas-Richelieu, une première au Québec !
Par : Hélène Goulet - Collaboration spéciale

« La Chambre de développement agricole, c’est une première au Québec ! »  

1 décembre 2008 - C’est ainsi qu’Alain Beaudin, commissaire agricole de la Chambre, s’exclame spontanément quand on lui demande d’où vient l’idée d’implanter, dans le Bas-Richelieu, cet organisme dont les objectifs sont d’établir un lien avec les intervenants socio-économiques de la région, de favoriser l’accès à l’agriculture pour les jeunes de la relève, et de favoriser l’agriculture d’émergence avec des nouveaux secteurs de développement. 

« Nous avons créé la Chambre à partir d’une réflexion qui date de plusieurs années », explique M. Beaudin.  « Les producteurs agricoles voulaient tisser des liens avec les intervenants socio-économiques du milieu – CLD, SADC, etc.  La question de base était : On peux-tu travailler ensemble, pour le développement de notre région ? » 

Il faut dire, rappelle M. Beaudin, que la crise porcine, qui a sévi dans la région il y a quelques années, avait quelque peu bloqué le dialogue. « Les gens ne se comprenaient pas, les langages étaient différents », admet M. Beaudin. 

On se rappelle que des résidants de certaines municipalités rurales avaient engagé une bataille contre l’implantation des fermes porcines, mises au banc des accusés.  Découlant de ce fait, fait remarquer M. Beaudin, les élus municipaux étaient souvent placés entre l’arbre et l’écorce, puisque autant ces résidants que les producteurs porcins faisaient partie de leur communauté. 

« Nous nous sommes dits qu’il fallait s’asseoir avec les élus, car il faut absolument travailler avec eux. Nous avons dû changer un peu notre langage, de part et d’autre,  pour nous comprendre. Nous avons commencé à siéger sur différents comités (CLD, SADC), mais au départ, les agriculteurs ne se sentaient pas nécessairement à l’aise, ce n’était pas « leur monde ». » 

Alain Beaudin, lui, était plus à l’aise avec les intervenants. Il a donc travaillé à établir des liens en leur présentant des producteurs agricoles et en faisant mieux connaître son milieu. 

L’idée d’une opération « Portes ouvertes sur les fermes », qui origine également du Bas-Richelieu, a été mise sur la table, avec le succès que l’on connaît aujourd’hui. Cette activité, qui a été présentée à l’UPA de Saint-Hyacinthe, est maintenant prise en main par cette dernière à travers le Québec. 

Bref, le développement de l’industrie agricole nécessitait l’utilisation d’un nouvel outil, résume M. Beaudin. Et c’est alors qu’il a pensé à la Société d’agriculture de Richelieu comme parrain de ce projet.  Et c’est son directeur, Marco Lavallée, qui est à l’origine de l’idée d’implanter une chambre de développement agricole. M. Lavallée a demandé à M. Beaudin d’établir les balises de ce que pourrait être cet organisme, dont le mandat serait de pérenniser le secteur agricole. 

Il a donc été établi que la CDA doit être capable de s’autofinancer, et que cette structure doit être capable de fonctionner par elle-même. Le commissaire nommé ne doit pas faire plus de deux mandats, dont le terme n’a pas encore été établi. Tout au plus cinq ou six ans pour deux termes, croit M. Beaudin. 

« La Chambre de développement agricole est au service des agriculteurs d’ici.  On vit tous dans le même milieu, et la compétition ne vient pas d’ici. La mondialisation aura des impacts et si on n’est pas capable de se tenir les coudes, on est voués à se faire battre.  Notre job, c’est de s’asseoir avec les gens, de leur faire valoir qu’il faut tabler sur nos entreprises agricoles qui possèdent une expertise internationale. Je pense entre autres à Haribec, la première entreprise d’haricots secs dans le monde; je pense aussi à l’Abattoir Richelieu, leader dans l’abattage et la commercialisation de la viande chevaline en Europe et un des seuls abattoirs de chevaux en Amérique du Nord.  Je pense également à la compagnie Richardson, une entreprise qui compte 155 ans d’existence. Il s’agit là d’une entreprise très influente en ce qui concerne le transport du grain à travers le monde. » 

Alain Beaudin fait aussi référence à Serge Lefebvre, producteurs d’œufs de Saint-Ours, qui est président de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec et ambassadeur crédible à travers le monde. M. Lefebvre a participé l’été dernier, à Genève, à la dernière ronde de négociations de l’Organisation mondiale du commerce OMC), où on tente d’établir différentes ententes commerciales entre les pays. Les représentants canadiens y ont défendu la gestion de l’offre dans le secteur du lait, des œufs et de la volaille. 

Selon M. Beaudin, d’autres personnes influentes du milieu agricole sont des gens de la région, dont Jean-Pierre Chalifoux, de la laiterie Chalifoux, Jean-Pierre Salvas, de la fromagerie Polyethnique, Julien Pagé, président de la Fédération des producteurs de lapins du Québec. Le laboratoire Agri-Quanta, de Saint-Ours, constitue également une des plus grandes expertises agricoles au Québec. 

« Il faut tabler sur leurs expériences et leurs expertises. Ils connaissent les tendances mondiales. Il pourront nous aider à répondre à cette question : peut-on produire des denrées agricoles et faire de la transformation ? Je crois que les producteurs agricoles, dont une grande partie sont agronomes ou agroéconomistes, sont capables de tout faire », a laissé entendre M. Beaudin. 

La relève agricole 

La première raison de l’existence de la CDA, c’est la relève, précise enfin M. Beaudin. « Les jeunes sont les vrais acteurs de changement. Ce sont eux qui vont vivre les changements, et c’est donc à eux de dire si ces changements leur conviennent. » 

La relève agricole, qui avait failli disparaître l’année dernière, s’est donné un souffle nouveau. Elle est passée d’une douzaine de personnes à plus d’une trentaine cette année, se réjouit M. Beaudin.  Selon lui, les jeunes agriculteurs seront les leaders de demain et il est important pour eux de tisser un réseau entrepreneurial. 

Un appui politique et financier de la MRC du Bas-Richelieu 

Rappelons enfin que la CDA a reçu, à l’occasion du Gala Excellence agricole qui s’est tenu le 22 novembre dernier à Sorel-Tracy, un appui important de la MRC du Bas-Richelieu. 

Le préfet de la MRC, Raymond Arel, lui-même producteur agricole, a en effet annoncé l’appui politique et financier de l’organisme qu’il représente. Cet appui sera donné par le biais du Centre local de développement (CLD). 

Cette annonce a illustré l’importance donnée par la MRC au secteur agricole, qui est un facteur de développement économique au même titre que les autres secteurs.

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